http://fr.news.yahoo.com/02062006/290/segolene-royal-se-place-du-cote-de-ceux-qui-souffrent.html
vendredi 2 juin 2006, 21h13
Ségolène Royal se place du côté de "ceux qui souffrent" PARIS (Reuters) - Ségolène Royal, dont le plaidoyer sécuritaire jette le trouble au Parti socialiste et suscite l'ironie à droite, a nié emboîter le pas de Nicolas Sarkozy, se plaçant "sur le terrain, auprès des gens qui souffrent".
"On peut être ferme et juste (...) La mission des socialistes est de tirer les enfants vers le haut, sans les enfoncer", a déclaré la présidente de la région Poitou-Charentes après un bain de foule sur le marché d'Orchies, où elle a reçu de nombreux témoignages de soutien des habitants.
La "présidentiable" socialiste préférée des sondages a assuré que ses idées étaient "en phase" avec le projet du PS, que les militants doivent adopter fin juin.
"Ce projet (...) dit que les socialistes doivent réaliser l'égalité devant la sécurité, que les socialistes doivent lutter contre la précarité", a-t-elle fait valoir sur TF1.
Un diagnostic que dément Laurent Fabius, persuadé que les idées musclées de sa rivale à l'investiture présidentielle socialiste ne seront pas intégrées au projet.
Pour l'ancien Premier ministre, le discours de sa rivale mercredi soir à Bondy est également une erreur stratégique. "Ce n'est pas en se situant sur le terrain de M. Sarkozy, de M. Le Pen, qui sais-je encore (...) qu'on va obtenir des résultats", a-t-il déclaré sur i-Télé.
François Hollande, premier secrétaire du PS et compagnon de Ségolène Royal à la ville, a avoué ne pas partager "toutes ses propositions", notamment le placement sous encadrement militaire des jeunes délinquants.
Faire des propositions, "c'est, au moment du débat sur le projet, nécessaire", a-t-il estimé sur France 2. "Mais une fois qu'il y aura le projet adopté par tous les militants socialistes alors chacun devra accepter ce projet là".
Après ceux de Julien Dray et de Manuel Valls, Ségolène Royal a reçu vendredi le soutien du sénateur-maire socialiste de Mulhouse, Jean-Marie Bockel.
Dénonçant les "mauvais procès faits à Ségolène Royal", l'élu étiqueté "social-libéral" a salué des propositions "équilibrées et responsables, en prise sur les réalités, souhaitées par une grande majorité des Français, à commencer par les habitants des quartiers populaires".
"DÉMAGOGUES DE TOUS POILS"A l'extrême droite, Carl Lang, vice-président du Front national, s'est félicité avec ironie des "remarquables dernières propositions de Ségolène Royal", soulignant que la "lepénisation des esprits dépasse toutes les espérances".
De son côté, le président du Mouvement pour la France (MPF), Philippe de Villiers, a suggéré à la dirigeante socialiste "d'adopter purement et simplement (son) projet".
A l'issue d'une réunion sur l'application de la loi sur l'égalité des chances, adoptée en réponse à la crise des banlieues de novembre dernier, le ministre délégué à la Sécurité Sociale, Philippe Bas, s'est félicité de voir Ségolène Royal prôner la mise sous tutelle des allocations familiales.
"Quand les incivilités se multiplient", c'est une bonne solution, "il n'y a pas que moi qui le dit. Les voix les plus écoutées de l'opposition le disent aussi aujourd'hui", a-t-il déclaré dans la cour de Matignon.
Dominique Voynet, ex-leader des Verts, a reproché à Ségolène Royal de "s'empresser à se positionner sur le terrain sur lequel cherche à l'attirer les démagogues de tous poils et les populistes de la droite" alors que la gauche sait qu'on l'attend "sur les questions sociales".
Le Mrap a fait part de sa "consternation"."Nous avions l'habitude de voir Sarkozy chasser avec succès sur les terres de l'extrême droite et voilà que Mme Royal lui emboîte le pas? La concurrence dans le populisme le plus dangereux semble ne pas vouloir s'arrêter", déplore l'association dans un communiqué.
Six mois après la crise des banlieues, la situation dans les cités est "extrêmement tendue", s'est défendue Ségolène Royal, invitée vendredi matin de France 2.
"Où sont les deux principales souffrances aujourd'hui? C'est le chômage et la précarité et c'est la question de l'insécurité et de la violence. Et d'ailleurs souvent les deux sont liés", a-t-elle fait valoir, tout en reconnaissant que "le mot militaire (avait) pu surprendre".