Vers une Europe de la défense ?Céline Asselot, France-Info - 25 juin 2008
Renforcer la coopération entre les armées, créer un centre de commandement permanent des opérations militaires européennes... en un mot, relancer l’Europe de la Défense. Définie comme une des priorités de la présidence française, l’idée provoque la méfiance, voire l’hostilité, de certains membres de l’UE. Peu de moyens, pas de coordination et des ambitions limitées... L’Europe de la Défense, de l’avis de tous, tient aujourd’hui plus du fantasme que de la réalité. En témoigne ainsi la mission Eufor, lancée en mars pour sécuriser le Tchad et la Centrafrique : il a fallu des mois pour trouver hélicoptères et avions de transports, ainsi que pour rassembler péniblement 3.000 hommes.
"Certains pays ont des moyens" avait regretté le ministre de la Défense de la Slovénie, qui préside l’UE,
"mais ils ne les ont pas mis à la disposition des opérations européennes. Il faudra faire des efforts".
Meilleure coopération, interopérabilité des avions et gestion commune des stocks de pièces de rechange : en février dernier, les 27 ministres de la Défense s’étaient donc accordés sur quelques pistes d’amélioration.
Mais faut-il aller jusqu’à la création d’une réelle "Europe de la Défense" ? C’est l’avis de Nicolas Sarkozy :
"J’entends faire de la politique de défense et de sécurité un exemple de l’Europe concrète, de l’Europe qui répond aux besoins des Européens".
Mais cela provoque la méfiance, voire l’hostilité, de plusieurs de ses partenaires européens. Certains, comme l’Irlande, craignent de perdre leur souveraineté en matière militaire, d’autres se contenteraient bien de leur participation à l’OTAN.
Ce que la France proposeNicolas Sarkozy souhaite que sa présidence soit l’occasion de fixer des
"objectifs concrets" en matière de défense européenne
"à l’horizon des dix prochaines années". Selon Paris, l’Union Européenne devrait :
être capable dans les prochaines années de déployer
60.000 hommes simultanément loin de ses frontières
mettre l’accent sur les
moyens de transport de troupes aéroportées (Airbus militaire A400M, hélicoptères)
créer à Bruxelles un
quartier général permanent des opérations et un
"Erasmus" militaire pour les jeunes officiers, sur le modèle des échanges universitaires
renforcer la
coopération contre le terrorisme, la criminalité organisée et les attaques informatiques
La création d’une véritable "Europe de la Défense" est posée comme condition par Paris avant un retour dans le commandement militaire de l’OTAN.